Et ils ont peint sur des toiles ...
Pendant trois mille ans, plus peut-être, les femmes Warli ont peint les murs de leur caverne ou de leur hutte. Elles le font à deux, quatre ou six etc., en chantant, buvant et dansant. Toujours un nombre pair et toujours une ancienne et une plus jeune. Les femmes qui peignent ne doivent pas être veuves mais être mariées.
Elles peignent la déesse mère Palghat dans un cadre magique (chowk), tous les autres dieux qu'elles veulent invoquer mais également les histoires de leur communauté et/ou plus simplement des scènes de leur vie quotidienne.
C'est ce que des Ethnologues de Delhi ont découvert au début des annnées 1970. Quel extraordinaire matériel d'étude ! Une population tribale vivant comme au néolithique, oubliée pendant plusieurs millénaires, sédentarisée depuis peu de temps et dont "l'écriture", restée secrète jusqu'à cette fin du 20ème siècle. Un livre d'images sur des murs de torchis.
Le torchis ne résiste guère aux pluies d'une forte mousson. Alors les Warli refont ce torchis et les fresques disparaissent. Les ethnologues ont voulu les conserver, les étudier, pouvoir les montrer .
Deux femmes Warli peignent sur le sol une légende (Le Prince qui n'avait pas payé sa dot) connue par l'une d'elles. Elles sont deux, comme pour peindre une fresque.
Retrouvons nos Ethnologues qui en 1974 voulaient conserver les fresques Warli. certains d'entre eux ont arraché des fragments de mur de huttes Warli. d'autres ont fait peindre les Warli sur des sacs de jute pour le riz, d'autres sur du papier Kraft et enfin sur de la toile. Tout cela se trouve au Musée ethnographique de Puna.
Les plus anciens pans de mur sont de Ratna Raghia Dhoulsada. Viennent ensuite des peintures sur papier de Jivya Soma Mashé datées de 1982.
Très vite les amateurs d'art aborigènes du monde entier, se sont intéressés à ces extraordinaires peintures. Ils voulaient les exposer et que leur auteur les accompagne. Les femmes n'ont pas voulu quitter leur village, leur famille, leurs dieux protecteurs. Seuls certains hommes ont tenté l'aventure.
C'est cela , la révolution qui s'est produite chez les Warli au début des années 1980.
Le premier à quitter son village fut Jivya Soma Mashé.
Regardons le ci-dessous
Jivya Soma Mashé, en train d'expliquer quelques unes de ses toiles
Il peint depuis l'âge de 10 ans. (né en 1931). Il a été repéré à la fin des années soixante par l'attachée culturelle de Madame Indira Gandhi.
Vous pouvez découvrir sa biographie sur mon blog. (article du 15 janvier 2016)
Il a permis à l'Art des Warli de devenir un véritable Art Moderne Contemporain.
D'autres peintres ont suivi l'exemple de Jivya. En voici un parmi tant d'autres : Dakou Vittal Khadou.
Il peint au miieu de ses enfants. Il peint parce qu'il ne peut pas s'empêcher de le faire. Il peint pour nourrir sa famille. Mais, tout comme Jivya Mashé, il continue de travailler aux champs, dans ses rizières et se définit d'abord comme un paysan pauvre.
Dakou Vittal Khadou, au pied d'une fresque qu'il a peinte pour le mariage de son fils, range ses toiles.
Ci-dessus, une femme peintre, Reena Umbersada-Valvi agée de 40 ans et mère de famille, que j'ai connue bien timide quand elle avait vingt ans, a rejoint le groupe des hommes qui voyagent à l'étranger pour présenter leurs oeuvres.
Elle n'a plus peur. Elle est fière de son travail. Elle est venue deux fois en France, à Lyon (2015 et 2016).
On retourne aux racines. Les femmes reprennent le pinceau !