Jivya Soma Mashé, biographie.

Publié le par christian guillais

Jivya Soma Mashé en 2011

Jivya Soma Mashé en 2011

On lit beaucoup de choses sur internet au sujet du célèbre Jivya Soma Mashé, fondateur de l'ÉCOLE DE DAHANU, en pays WARLI. Tout n'est pas exact. Sans doute parce que le personnage de Jivya est secret et que les problèmes de langues ne facilitent pas les choses. Sa date de naissance, entre autres, varie de 1931 à 1934.

J'ai eu la chance de fréquenter Shri Jivya Soma Mashé  pendant de nombreuses années et d'avoir sa confiance. En 2015 il m'a montré sa première carte d'identité. La date de naissance portée est : 14/06/1931. Son passeport porte une autre date. Retenons l'année 1934 qui semble la plus fréquente sur internet

Il eut une enfance malheureuse car il perdit sa mère à l'âge de 10 ans. Il se retrouva seul avec un père veuf et une soeur ainée. Les femmes du village s'occupaient un peu de lui. Elles l'emmenaient avec elles quand elles allaient peindre des fresques pour les mariages. C'est avec elles qu'il a appris l'art de peindre des Warli.

Il s'est marié avec une jeune fille, Pawani Baï, originaire d'un autre village, Ganjad.  N'ayant plus vraiment de famille il va habiter à Ganjad, chez son beau-père. Il aide aux travaux des champs. Le couple a eu eu six enfants (trois garçons et trois filles). Parmi eux, deux de ses fils sont restés auprès de lui, Sadashiv et Balou. Sadashiv, actif et chaleureux, a accompagné son père dans ses nombreux déplacements à l'étranger. Son frère  Balou, discret et taiseux, est resté au domicile de la famille. Ils font preuve tous les deux d'un grand talent artistique, chacun dans un style différent.

En 1968, Jivya créa le premier atelier (workshop) de peinture Warli, pour enseigner cet art aux jeunes gens de son village. Il a été repéré par Mrs.Stella Krainath, conseillère culturelle de Madame Indira Gandhi. Quelques unes de ses peintures furent ensuite présentées à Philadelphie (USA), dans une exposition d'Art Aborigène de l'Inde.

En 1975, il voyage en Allemagne pour accompagner ses peintures. C'est son premier voyage à l'étranger. Cette même année, il se rend au musée Lady Wilson de Dharampur avec son fils Sadashiv, où il a peint une trentaine de toiles (sans doute grâce aux recommandations de Mme Pulpul Jayakar, chairwoman of the All India Handicrafts Board).

Le 1er juin 1976, il rencontre pour la première fois Madame Indira Gandhi et le président de l'Inde Farudin Ali Ahmet lui remet la "National Award". De nombreuses récompenses vont suivre. Jusqu'à, en 2012, la Padmashri qui est la plus haute distinction que l'Inde puisse offrir. Jivya est le seul adivasi à l'avoir reçue.

A partir de la fin des années 1970, Jivya sera célèbre. Il ne cessera de peindre tout en cultivant ses rizières et veillant sur sa ferme Son art s'épanouira. Ses rêves, ses fantasmes, ses peurs deviendront de merveilleuses peintures. Plus il avancera en âge plus il lui paraîtra urgent de peindre. Il enchaînera les expositions à travers le monde, avec de moins en moins de plaisir à voyager. Il ne se sentira bien que dans sa maison, assis en lotus sur un journal posé sur sa toile et, avec en perspective à quelques kilomètres, la montagne sacrée Mahalakshmi, avec rien d'autre que des champs entre elle et lui.

Padmashri Jivya Soma Mhashé nous a quitté le 15 mai 2018. Qu'il puisse  contempler éternellement sa montagne sacrée.

 

Mahalakhmi

Mahalakhmi

Remise de la Padma Shri par Madame Pratibha Patil, présidente de l'Inde à Masterji Jivya Soma Mashé en 2012

Remise de la Padma Shri par Madame Pratibha Patil, présidente de l'Inde à Masterji Jivya Soma Mashé en 2012

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A
Belle simplicité en dépit de sa grande célébrité. Ce Mashe est un sage comme savent l'être les gens qui vivent en harmonie avec la nature et leurs semblables. Et quelle jolie vieille dame que son épouse !
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