"Coup de filet à la gare", la dernière BD des Warli.
En bas à droite, Vadu a peint le bureau du chef de gare. Il y a un homme devant un ordinateur qui vend des billets à des voyageurs qui font la queue; au dessus de sa tête un ventilateur et, debout derrière lui, un homme qui manipule une liasse de billets. Partout les gens se hâtent, devant une charette de chicous (sapotilles), dans les escaliers métalliques, sur la passerelle au dessus des voies. Le train à vapeur est bondé. Dans le wagon sous la passerelle, un homme est menacé
par un autre portant un étrange chapeau. On retouve ce chapeau sur la tête d'un autre personnage, sur le quai; ce dernier est lui armé d'un long pistolet dont il menace un Warli tentant d'escalader l'escalier métallique. Les deux hommes à chapeau sont des policiers. Derrière le policier au pistolet, une femme court après un Warli qui semble lui avoir arraché son sac. Plus haut, entre deux palmiers, un couple tranquillement adossé aux troncs de ces deux arbres discutent. Si on regarde bien on voit que tous les personnages qui prennent le train, se dépèchent, font de grands gestes, s'inquiètent.On peut tout imaginer comme scénario entre tous ces personnages et c'est amusant de le faire. Mais la réalité est que Vadu Madhukar, en bon Warli qu'il est, a très peur de cette gare qui est à environ 20 km de son village et où il n'est vraisemblablement allé que deux où trois fois dans sa vie. Ce lieu l'inquète, lui fait peur et c'est sa terreur de ce monde moderne qui lui fait peindre de telles scènes dans la gare.
Vadu se bat pour améliorer les conditions de vie des gens de son village ; il est membre du conseil de ce village (Panchayat). Il est fier de sa culture Warli dont il collecte et écrit les belles légendes. C'est un "honnête homme", un grand peintre et un grand coeur.
Je suis fier et content pour lui de pouvoir exposer ses peintures au mois de Janvier 2016 à Grenoble, à la Galerie des Cimes.